Absence notoire de légitimité de la plupart des « enseignants-chercheurs » dans les universités guinéennes

Article : Absence notoire de légitimité de la plupart des « enseignants-chercheurs » dans les universités guinéennes
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30 août 2024

Absence notoire de légitimité de la plupart des « enseignants-chercheurs » dans les universités guinéennes

Graduation day.A mortarboard and graduation scroll on stack of books with pencils color in a pencil case on blue background.Education learning concept.

L’enseignement supérieur guinéen est confronté à d’énormes problèmes, parmi lesquels le manque de légitimité de la majorité des « enseignants-chercheurs » dans les universités. La loi L0016 sur l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique stipule que le doctorat est le diplôme requis pour être enseignants-chercheurs à l’université. Cette situation n’est pas sans implications négatives qui interfèrent à la brillance de l’université guinéenne.

Happy mature teacher and his two students e-learning on computer at campus.

Un problème qui mine l’enseignement supérieur guinéen

L’un des problèmes majeurs de l’université guinéenne, outre les défaillances institutionnelles et infrastructurelles réside aussi dans l’illégitimité formelle des enseignants. Dans notre pays, ils sont nombreux les licenciés et maîtrisards qui dispensent des cours dans les universités. Une situation qui perpétue l’enseignement supérieur guinéen dans le gouffre de la non-reconnaissance dans le monde scientifique.

Une situation déplaisante

En réalité, il y a des règles sine qua non qui régissent tout domaine. Dans l’enseignement supérieur, l’une des conditions pour être enseignant à l’université c’est d’obtenir le doctorat en soutenant une thèse devant un jury habilité et légitime scientifiquement. Cependant, en Guinée les docteurs sont rares dans nos instituts d’enseignement supérieur.

Selon des données recueillies sur ce site https://guineematin.com/2024/06/13/recrutement-de-250-enseignants-chercheurs-une-mesure-urgente-et-essentielle-pour-la-guinee/, « seulement 22,44% des enseignants-chercheurs en Guinée possèdent un doctorat, le diplôme requis pour ce titre selon la loi L0016 sur l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique. En revanche, 38,81% détiennent un Master, 21,92% une Maîtrise, et 9,91% une Licence. » Ces données dénotent un manque criard d’enseignants-chercheurs qualifiés dans nos universités.

unshplas.com

Rappelons, la reconnaissance de nos universités passe par la qualification de ceux qui dispensent les cours dans ces instituts d’enseignement supérieur. Cette situation alarmante explique notre absence sans cesse dans les classements des universités francophones de façon particulière et africaines dans le cadre général.

D’aucuns peuvent penser que le diplôme n’est pas déterminant pourvu que l’enseignant « maîtrise » son cours, un argument irrecevable dans le monde scientifique. L’enseignement supérieur est caractérisé par la recherche et l’on ne peut faire des recherches reconnues de par leur scientificité que lorsqu’on est légitime et cette légitime s’acquiert par l’obtention des grades requis pour cela d’où la nécessité de penser à cet aspect.

Des critères à remplir

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Les critères de performance d’une université se mesurent entre autres à la recherche scientifique qu’elle produit à travers les enseignants-chercheurs, à l’élévation des grades, à l’agrégation des professeurs dans certains domaines, à l’accréditation des programmes pédagogiques, à la qualité infrastructurelle, à l’ouverture de l’université et à sa reconnaissance dans le monde scientifique, à travers des productions scientifiques de qualité, ainsi qu’à son engagement dans la formation continue pour les trois cycles (Licence-Master-Doctorat) pour ne citer que ceux-là.

En s’appuyant sur ces critères ci-dessus, nous pouvons avouer avec remords que nous sommes loin d’avoir des universités reconnues et des enseignants-chercheurs qualifiés. Ceci ne veut pas dire que des enseignants-chercheurs répondant aux normes requises n’existent pas dans notre pays, mais le taux est très minime par rapport aux besoins pressants.

L’État guinéen doit œuvrer à changer la donne

Nous interpellons l’État guinéen à œuvrer dans la formation des enseignants-chercheurs qualifiés, à faciliter les trois cycles de formation à travers des accompagnements, à bâtir des infrastructures universitaires efficaces, à financer convenablement l’enseignement supérieur guinéen et la recherche scientifique, bref faire en sorte de disposer d’un système universitaire avec toutes les qualifications et tous les critères requis.

Pour rappel, cet écrit n’est pas une offense à l’endroit de ceux qui s’évertuent malgré leur illégetimité scientifique à donner des cours dans les universités, plutôt émettre un cri de cœur à l’endroit des autorités afin d’œuvrer pour changer positivement la donne et inscrire la Guinée dans la course du monde scientifique.

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